Je lis très peu les
journaux. Je préfère regarder les infos à la Télé. Il y a tout de même des
chroniques que j’apprécie énormément et l’une d’elles est le billet d’Alain
Rémond dans le journal La Croix.
J’aime les jeux de mots
intelligents, la spiritualité et l’humour. J’ai eu du mal à me décider, mais si
je devais en publier un, je me suis dit que celui était de mise en ce
moment:
L’heure
euse
J’ai déjà noté ici même
l’extraordinaire fortune, en matière de création linguistique appliquée aux
produits de beauté, des mots en « ance ». Exemple : « Merveillance », de la marque Nuxe.
Eh bien, je me demande si nous ne sommes pas en train de vivre l’un de ces
tournants majeurs qui marquent l’histoire des civilisations. La même marque
Nuxe vient en effet de lancer un « sérum
intensif anti-taches » (sur la peau, les taches, pas sur le linge) qui
s’appelle, en tout simplicité, « Splendieuse ».
Pourquoi « Splendieuse » ?
Parce que « c’est la promesse d’une
peau splendide et radieuse ». On voit bien que « splendieuse » est censé évoquer
merveilleuse, lumineuse, délicieuse, bref : heureuse. Qui ne rêve, je vous
le demande, d’une vie « splendieuse » ?
C’en est donc fini de la « merveillance ».
Et, avec elle, du règne du suffixe –ance. Nous voilà entrer dans l’ère de
l’euse. Et à propos de Deleuze, justement, rappelons que, pour lui, la
philosophie était « l’art d’inventer
des concepts ». Avec l’invention de « splendieuse », saluons la beauteuse perfecteuse, non tacheuse
et magnifiqueuse. Alleluieuse !
La Croix, mercredi 12 novembre
2014.
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